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La Culture EN Générale avec La Boutique de Rémi

LE LENT ET DANGEREUX VOYAGE DU VIN DE GAULE

Reconstitution d'un bateau transportant des amphores et des tonneaux de vin
Reconstitution d'un bateau transportant des amphores et des tonneaux de vin

La fin bateau chargé d'amphores file, lame claire sur le bleu profond de l'onde. Il cingle vers la ville aux sept collines, vers cette Rome toute puissante où les gourmets attendent le vin de la Gaule Narbonnaise, merveilleux breuvage de santé.

Le matin même, le petit navire a quitté Garbo, cité du Dieu Mars ; il est parti de ce port célèbre que Strabo qualifiait de plus important des Volkes Arécomiques, pour accomplir un long et périlleux voyage qui le conduira, si la fortune lui est favorable, jusqu'aux rivages du Tibre. Si les vents lui sont contraires, si la mer démontée démantèle ses flancs, le coursier perdu corps et biens livrer aux abîmes des centaines d'amphores qui descendront peupler les fonds marins de leurs oblongues silhouettes.

Les siècles s'écouleront alors. Un jour, dans ses filets, un chalutier remontera peut-être le lourd récipient de terre cuite et les hommes reverront à la lumière le témoignage vivant d'un négoce éternel, celui du vin de Gaule.

Une Amphore à Vin
Une Amphore à Vin

Un commerce délicat

Vingt siècles avant notre ère, le commerce du vin exerçait déjà son attirant pouvoir sur les provinces comprises entre Rhône et Pyrénées.

Quand les fêtes des Meditrinalia avaient marqué la fin des vendanges, le villicus, régisseur du domaine, songeait à écouler sa récolte. Mais avant de penser à négocier son produit il s'attachait à mettre en état tonneaux et amphores qui porteraient au loin le précieux breuvage.

Les tonneaux ne lui causaient que peu de souci. D'un modèle identique à ceux que nous connaissons aujourd'hui, ils n'étaient destinés qu'à recevoir le vin de basse qualité, celui que l'on réservait (déjà!) à la troupe. Un bas-relief de Mayence et des fresques de la catacombe romaine de st Priscille nous offrent de ces tonneaux des images d'une certaine finesse. Un bas-relief de la colonne Trajane représente même un transport de tonneaux par l'armée romaine.

Mais les amphores occupaient davantage l'esprit du villicius. Utilisée pour les vins nobles, il ne faillaient pas que leur poterie renfermât des défauts. En séjournant au contact de cette poterie le vin allait prendre cette saveur et ce coloris qui faisaient les délices des connaisseurs. Les amphores achetées, le régisseur prenait soin d'écrire sur la panse "l'état civil" du vin. Sur l'une d'elle on peut lire le nom du marchand, celui du transporteur, un certain Eucarpus fort connu à Rome entre 150 et 161, le poids en livres romaines, le port d'embarquement et... la signature des employés de l'enregistrement.

C'est seulement lorsque ce travail était terminé que le villicus se mettait en quête d'un négociant. En trouver un n'était pas chose facile. Le négociant qui avait pour mission de transporter le vin et de le vendre en terre étrangère assumait de gros risques. Que des pirates, qu'une tempête survinssent, la cargaison disparaissait.

Ayant fini par découvrir, dans un quartier riche, l'opulent négociant qui consentait à discuter, le régisseur proposait sa marchandise. Méfiant, le commerçant envoyait un de ses employés goûter le vin qu'on lui proposait. Si le rapport du "taste-vin" était favorable, le négociant achetait alors la récolte et en devenait propriétaire.

Longtemps, les risques du transport ont été sujets à controverses. Les tribunaux rendirent à ce sujet des arrêts contradictoires. Mais après qu'Alexandre Sévère eut codifié la profession de négociant on admit couramment que les risques étaient à la charge du transporteur.

La flotte marchande

Trois ports se disputaient alors l'honneur de servir de point de départ aux vaisseaux chargés d'amphores. Narbonne, en activité depuis 118 avant J.-C., était de beaucoup le plus important. Des entrepôts bordant les quais contenaient les marchandises les plus diverses, mais le vin était un des facteurs essentiels de son commerce.

Au second rang venait Arles. Situé avant le delta du Rhône, ce port servait surtout de débouché aux produits du Lyonnais et de la Germanie. Assez célèbre dans l'antiquité, Arles a inspiré à Ausone des vers qui disent toute la poésie de cette vile perdue entre ciel et eau.

Marseille occupait la troisième place. Ce port qui avait lutté en 49 avant J.-C., contre Jules César fut durant le premier siècle comme frappé d'interdit. Le vainqueur n'avait pas oublié. Chose plus grave encore, Marseille ne possédait alors aucun débouché important. C'était plutôt un centre intellectuelle que commercial.

Dans le havre de son choix attendaient les vaisseaux du négociant. Ces bateaux à fond plat, amarrés au "portes vinarius", accueillaient les 300 amphores qui constituaient leur chargement.

Et puis, un matin, alors que le vent soufflait vers l'Orient, c'était le grand départ. En route il fallait veiller au coup de vent, à l'attaque des pirates. Mais les naufrages fréquents ne décourageaient ni les matelots, ni les armateurs.

Sans arrêt la Méditerranée était chargée par les fines étraves des navires marchands et à Rome le monticule de 35 mètres de haut et de 1000 pas de tour, qui sur les bords du Tribe est constitué par les débris d'amphores, témoigne de l'importance du commerce du vin.

Les voyages par terre

Cependant la totalité de la récolte de la Gaule Narbonnaise ne prenait le chemin des mers. Pour les transports à courte distance comme pour les expéditions vers le centre du pays, on prenait évidemment la voie de terre. Mais ce genre de transport, qui avait un caractère quasi-obligatoire était loin d'enchanter les négociants. Les chariots porteurs de vin étaient très souvent attaqués par les brigands qui pensaient que la capture des tonneaux méritait bien les dangers d'une bastonnade. La voie Domitienne, alors la plus fréquentée, suivait le littoral méditerranéen, traversait Narbonnaise et Régordane, passait à Nîmes, cité du dieu Némausus, et grimpait vers l'Auvergne. Magnifiquement entretenue, elle facilitait le charroi, mais attirait les pillards comme un aimant.

Le commerce des vins par sa prospérité entraîna l'extension du vignoble. Le Latium se mit à produire à l'image de la Narbonnaise. Une crise viticole s'ensuivit. Elle ne devait, hélas, qu'être le première d'une longue lignée.

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