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Les antiquités orientales devinrent au Musée du Louvre un département à part entière en 1881, lorsqu'elles se séparèrent de la section des Antiques. Une autre partie de l'Orient intéressa les ingénieurs monsieur et madame Dieulafoy en 1884, tout d'abord à cause des questions d'irrigation, puis cette mission s'attacha plus particulièrement au site immense de Suse dont les objets furent ramenés en France.

Jacques de Morgan, leur successeur, dirigea dès 1897 la "Délégation française en Perse", créée à l'initiative de Shah. De nombreuses sculptures babyloniennes trouvées à Suse, actuellement au Louvre, constituaient le butin de guerre d'un roi élamite du XIIe siècle av. J.-C. ; le monument le plus célèbre étant le Code du roi Hammourabi.

De 1892 à 1894, E. Chantre travailla sur les antiquités anatoliennes (Turquie actuellement) qui vinrent enrichir la collection du Louvre. Parallèlement, de nombreuses équipes étrangères contribuèrent à la découverte des civilisations du Proche-Orient (Les Allemands à Babylone et Ourouk, les Anglais à Our) ; les archéologues allemands améliorèrent les méthodes de fouilles au début du siècle.

La guerre de 1914-1918 n'interrompit que momentanément la recherche archéologique au Proche-Orient, qui fut confiée dès lors surtout à des Anglais et des Français ; n'oublions pas que la Syrie fut sous mandat français (de 1920 à 1941), ce qui explique pour une large part la présence des missions archéologiques françaises. Le principe de partage du résultat des fouilles perdura et fut institué en Iran à partir de 1928 jusqu'en 1973.

D'éminents archéologues s'attachèrent à des sites importants à partir des années 1920-1930: Pierre Montet et Maurice Dunand à Byblos ; Claude F. Schaeffer à Ras Shamra (ancienne Ougarit) ; André Parrot à Tell Hariri (ancienne Mari) ; Roland de Mecquenem à Suse ; François Thureau-Dangin à Arslan Tash (ancienne Hadatou).

D'autres explorèrent plusieurs sites d'une même région: Roman Ghirshman à Tépé Giyan, Tépé Sialk et Tchoga Zanbil en Iran ; ou encore le Comte de Mesnil du Buisson sur plusieurs sites du Levant.

L'école Biblique de Jérusalem se consacra au site de Tell el Far'ah (ancienne Tirsa). Le déchiffrement des textes et la connaissance archéologique se firent toujours simultanément et en étroite collaboration.

Après la Seconde Guerre Mondiale, l'exploration des grands sites continua, mais dans une perspective différente, celle de l'École américaine: restituer l'homme dans sa vie quotidienne et dans son environnement. Les objets, à quelques exceptions près, restèrent dans les pays d'origine. Un des derniers partages de l'UNESCO tentant de sauvegarder les sites menacés par la construction d'un barrage sur l'Euphrate, en Syrie.

Une mission française à fouillé de 1972 à 1976 la ville de Meskéné (ancienne Emar) dont certaines pièces ont été confiées au département des Antiquités orientales du Musée du Louvre en 1980. Actuellement, des équipes d'archéologues français poursuivent leurs investigations sur les sites de Ras Shamra, Mari, Larsa, permettant ainsi une meilleure connaissance des objets conservés au Louvre.

Le département des Antiquités orientales a toujours été étroitement associé aux missions archéologiques en Orient ; mais il s'est aussi enrichi tout au long de son existence grâce aux généreux donateurs, ou aux achats pour compléter des collections plus pauvres. L'enrichissement se fait par des échanges ou des dépôts: depuis 1973, la statue du prince Our Ningirsou, fils de Goudéa, appartient pour le corps au Musée du Louvre et pour la tête au Métropolitan de New-York ; elle est exposée alternativement dans l'un des deux musées tous les trois ans.

Ce département du Musée du Louvre recouvre, de l'Afghanistan à l'Afrique du Nord, de la Turquie à l'Arabie, une zone géographique immense ; de nombreuses populations se trouvent ainsi représentées par leur art. Ainsi, les stèles puniques de Carthage ou de Constantine marquent l'expansion phénicienne. L'art de l'Arabie et du Yémen est caractérisé par des stèles inscrites en écriture alphabétique (à peu près Ve siècle av. J.-C.).