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Charles Martel est connu dans l'Histoire pour avoir repoussé à Poitiers, en 732, une armée berbère, et défendu ainsi l'Occident chrétien contre l'Islam. Il est vrai que sa victoire, remportée aux portes de l'Aquitaine, devait avoir dans toute la Gaule un immense retentissement.

Avant de vaincre l'expédition musulmane partie de Pampelune en Espagne, Charles avait fermé les frontières du Nord et de l'Est contre les envahisseurs, il avait dominé la Neustrie en révolte, intimidé l'Aquitaine, qui, après Poitiers, devait se rallier massivement à ses étendards. Il avait parcouru tout le pays, d'une frontière à l'autre, pour le protéger contre les agressions. Il était véritablement le restaurateur du royaume franc.

Charles avait désarmé l'opposition des nobles, dont beaucoup jalousaient sa gloire, en distribuant libéralement les "bénéfices" à ses fidèles, en distribuant aux grands seigneurs les terres confisquées à l'Église qu'il entreprit par ailleurs de réformer, pour en chasser les éléments indignes.

Charles, pas plus que les Mérovingiens, n'avait su régler sa succession. A sa mort, ses fils Carloman et Pépin, dit le Bref, durent faire la guerre pour réprimer une révolte générale des nobles. Ils firent mieux: pour désarmer l'opposition des seigneurs, ils allèrent chercher dans sa retraite un Mérovingien oublié de tous, Childéric III, pour en faire un roi.

Mais Pépin voulait pour lui le pouvoir. Son frère Carloman étant entré au couvant, il réunit, à Soissons, en 751, l'assemblée des nobles du royaume franc. Non content de se faire élire roi se lon la coutume franque, il se fit sacrer par saint Boniface, devant tous les évêques du royaume, après avoir reçu l'"onction" de l'"huile sainte". C'était la première cérémonie du sacre. Pépin voulut recevoir un deuxième sacre, pour mieux rétablir sa souveraineté, des mains du pape lui-même. Étienne II vint en personne dans l'Abbaye de Saint-Denis pour la cérémonie de 754. Selon la chronique, le pape fit ce jours-là "défense à tous sous peine d'interdit et d'excommunication, d'oser jamais choisir un roi issu d'un autre sang". Ainsi naissait la royauté de "droit divin". Désormais le roi était protégé par le Dieu des chrétiens. Le sacre en faisait un personnage inviolable. Sur des bases nouvelles, la dynastie des Carolingiens était véritablement fondée.