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Ces rudes guerriers permettent à Clovis, vainqueur de Syagrius, de s'affirmer en Gaule et de déployer une puissance militaire irrésistible. Il intervient sur le Rhin, assure la sécurité des marches de l'Est. Il aide en 496 les Francs ripuaires à repousser les Alamans. C'est après sa victoire de Tolbiac qu'il faudrait situer, si l'on en croit la chronique, sa conversion au christianisme.

La conversion de Clovis n'est pas douteuse, mais le mérite en revient peut-être davantage à l'adresse du clergé gallo-romaine, et à son influence dans les cités, qu'à l'inspiration divine sur le champ de bataille. On comprend que Grégoire de Tours et les évêques aient voulu faire passer Clovis pour le nouveau Constantin: sa conversion était une oeuvre politique préparée de longue main.

Le clergé de Gaule ne pouvait en effet se fier aux autres rois barbares qui occupaient le territoire. Ils étaient chrétiens, faux chrétiens plutôt, adeptes de cette religion pervertie, issue du christianisme, de cette hérésie appelée "arianisme". L'arianisme avait été condamné avec la plus grande vigueur par le clergé de Rome. Il fallait aux évêques de Gaule un Barbare qui eût la vraie foi.

Précisément Clovis venait d'épouser (par hasard???) une princesse burgonde bonne catholique, Clotilde. Il lui promit de se convertir. Rémi, évêque de Reims, lui donna le baptême le jour de Noël. Malheureusement, on ne sait si la bonne date de son baptême est 496, 498 ou 506).

La conversion de Clovis avait une importance politique exceptionnelle. Avec le christianisme, il pouvait hériter de la Romania et se parer des dignités et prestige de l'ancien Empire, puisque, depuis 476, l'Empire d'Occident n'existait plus. Et de fait l'empereur d'Orient Anaste lui dépêcha un ambassadeur qui le salua de titre de consul. Clovis cessait d'être un chef de guerre heureux pour devenir un héritier.

Protecteur de l'Église de Gaule, le roi des Francs Saliens avait le devoir d'intervenir en terre burgonde ou wisigothique, toute les fois qu'il y serait appelé par les catholiques persécutés par le pouvoir politique arianisme. Enfin Clovis, roi chrétien, pouvait s'attacher, dans les territoires qu'il contrôlait, le dévouement des chefs de l'Église, détenteurs de la seule autorité qui subsistât en Gaule depuis le naufrage de Rome.

Les conquêtes de Clovis furent faciles et rapides. En battant les troupes de Gondebaud, il abattit d'un coup la puissance burgonde. Il était maître, par cette victoire, du sillon rhodonien. D'après Grégoire de Tours, il entreprit ensuite une expédition d'inspiration religieuse contre les Goths d'Alaric, pour libérer les catholiques du Midi du joug hérétique. Il aurait ainsi lancé la première "croisade" franque. Alaric périt près de Poitiers. Son armée fut anéantie. A Toulouse, les évêques accueillirent Clovis comme un libérateur. Les Goths défaits passèrent en Espagne.

Infatigable, Clovis reprit ensuite le chemin du Nord, enlevant au passage Bordeaux, imposant sa loi aux Bretons sans coup férir. Était-il maître de toute la Gaule?

A sa mort, en 511, il avait effectivement recollé les trois morceaux de l'ancienne Gaule chevelue: le franc, le burgonde et le gothique. Seul le petit royaume de Bourgogne, qui avait finalement survécu, et la Provence ostrogothique échappaient au contrôle des Mérovingiens. En 537, les fils de Clovis se chargeraient de les annexer.