30 Novembre 2015
A sa mort, Charles, selon la coutume franque, avait partagé ses biens entre ses trois fils. Malgré le sacre, malgré l'Empire, il avait réagi sur son lit de mort en roi franc, pour lui le "patrimoine" se divisait comme à la guerre le butin. La mort rapide de deux des héritiers permit, il est vrai, à Louis le Pieux d'hériter de l'ensemble en 814.
Louis le Pieux est le premier roi qui tenta d'établir une coutume successorale tendant à éviter le morcellement de l'État. Il fit de son fils Lothaire, son aîné, le seul héritier du trône en le proclamant "empereur". Les cadets, Pépin et Louis, n'étaient que rois d'Aquitaine et de Bavière. Bernard, neveu de Louis le Pieux, était roi d'Italie. L'Empire carolingien, défenseur de la chrétienté, était-il durable?
Du vivant de Louis le Pieux, Bernard s'était déjà révolté. L'Empereur avait dû intervenir, avec toutes ses forces. Bernard n'avait pas été exécuté. Il avait eu seulement les yeux crevés. Il mourut au cours du supplice. Le royaume d'Italie était supprimé.
La succession semblait réglée. Mais Louis le Pieux avait eu un fils d'une seconde union avec Judith de Bavière. Ce fils Charles, le futur Charles le Chauve, entrait dans la compétition. Louis le Pieux en faisait son favori. A son profit, il revenait sur ses dispositions antérieures. Lothaire, le fils aîné, était envoyé en Italie. Charles recevait un Royaume à l'est de l'Empire comprenant les terres allemandes, l'Alsace et une partie de la Bourgogne.
Les nobles et le clergé de Gaule étaient hostiles à ces mesures dictées au vieux roi par la coterie de la reine Judith. Lothaire, Pépin et Louis, les enfants du premier lit, étaient mûrs pour la révolte. En 830, ils tenaient d'imposer la tutelle à leur père. Ils enfermaient Judith au couvent. Lothaire, aidé par le nobles du royaume, exerçait en leur nom le pouvoir. C'était la revanche des grands, longtemps abaissés par Charlemagne et le pouvoir impérial.
Louis retourna la situation l'année d'après. Mais pour l'emporter, il avait dû faire des promesses, renoncer à l'idée de la transmission intégrale de l'Empire à un seul héritier. Les projets de partage suscitaient de nouvelles réactions de révolte. L'aristocratie se partageaient, soutenant tel ou tel candidat dans sa brigue. L'anarchie était revenue en Gaule.
A la mort de Louis, en 840, il n'était plus question de maintenir l'unité de l'Empire, mais de rétablir l'ordre en ses diverses parties. Les notables s'inquiétaient pour l'héritage. Il fallait sortir des querelles de famille...
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